4 600 habitants en 2030 ? Mais d’où vient ce chiffre ?
Un chiffre, donné dans un document du Collectif distribué mi-janvier dans les boîtes aux lettres, a retenu toute votre attention.Nous écrivions alors :
« Si nous poursuivons la politique actuellement menée, notre village doublera sa population d’ici quinze ans : nous ne serons plus 2 000, mais 4 600 en 2035 ! »
Cette prévision démographique est tout ce qu’il y a de plus officiel.
Ce chiffre n’est pas sorti de l’imagination du Collectif. Lors de nos recherches sur l’urbanisme, nous l’avons nous-mêmes découvert dans un document appelé « Porter à Connaissance (PAC) ». Il s’agit d’un ensemble d’études techniques que le Préfet transmet aux communes et intercommunalités.
La Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) a été chargée de rédiger ce document qui comporte un volet sur la maîtrise de l’aménagement urbain (chapitre 6 *) ainsi qu’un diagnostic démographique et sur les besoins en logements qui en résultent (chapitre 6.2.1).
Ce texte a été transmis à l’intercommunalité du Grand Pic-Saint-Loup en juillet 2016 afin que la collectivité puisse élaborer son Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT).
Dans ce diagnostic, la DDTM a réalisé une projection démographique à l’horizon 2035, à partir de l’évolution de la population des Matelles de 2008 à 2012 (voir le tableau ci-dessous).
C’est dans ce tableau qu’apparaît le chiffre de 4 600 habitants d’ici 15 ans aux Matelles, si la population continue de croître au même rythme.
Le but de la Préfecture est d’attirer l’attention des élus sur la forte progression démographique de notre village, et, plus largement, de l’ensemble du territoire du Pic Saint-Loup.
Le Collectif a-t-il eu tort de diffuser ce chiffre ? Bien sûr que non… Tout d’abord, ce chiffre est public. Ensuite, il est officiel. Et, par ailleurs, au Collectif, nous avons posé comme principe fondateur à notre création, la transparence et l’information afin que les habitants se réapproprient les débats qui les concernent.
En diffusant ce chiffre, à son tour, le Collectif a souhaité « attirer l’attention » des habitants sur la situation de notre village, si l’augmentation de la population se poursuit au même rythme.
Il ne s’agit pas de refuser l’arrivée de nouveaux habitants ; cela n’a pas de sens… En revanche, il s’agit de maîtriser l’urbanisation de notre village. Cette perspective, elle, a tout son sens !
L’histoire et les chiffres ne s’arrêtent pas là.
En 2013, le Préfet avait demandé le retrait de la délibération de l’approbation du SCoT. Son recours portait sur « une consommation excessive d’espace, un développement urbain non maîtrisé et la non-préservation des espaces agricoles et naturels ».
En janvier 2019, après ces quelques tergiversations, le SCoT a fini par être validé.
Dans son Document d'Orientation et d'Objectifs (DOO), le SCoT envisage de baisser la croissance moyenne démographique à 1,5% par an.
Dans ce cas, la population maximale supplémentaire attendue aux Matelles, entre 2013 et 2030, serait de 560 habitants (et 390 logements), soit une population maximale attendue de 2 368 habitants en 2030 aux Matelles.
Cette différence conséquente entre les chiffres prévisionnels de la Préfecture et ceux de l’intercommunalité du Grand Pic-Saint-Loup interroge le Collectif…
Autant la prévision de la Préfecture sonne plus comme une alerte, autant celle de la Communauté de Commune comme une promesse : tenable ou non tenable ? Telle est la question…
En effet, d’après les prévisions de l'INSEE (voir le tableau et le graphique ci-dessus), Les Matelles compteraient déjà 2 234 habitants en 2019.
Est-ce réaliste d’assurer que notre village n’accueillera pas plus de 134 habitants ces 11 prochaines années, soit moins de 13 habitants par an ?
- Au vu des nombreuses divisions de parcelles (dites "divisions parcellaires") qui existent sur notre village,
- Au vu du fait que la plupart des terrains constructibles ou à construire appartiennent à des propriétaires privés, ce qui réduit la marge de manœuvre de la commune,
- Au vu de la forte pression foncière (nous sommes pour l’heure à une croissance de 3,5% par an et non 1,5% comme envisagé dans le SCoT) et de la spéculation immobilière,
...le débat est lancé !
Cette question est d’autant plus importante - et le Collectif se réjouit de l’avoir mise au centre du débat - que notre commune va devoir, lors du prochain mandat, revoir son Plan Local d’Urbanisme (PLU).
Cette révision sera faite par les élus - en concertation avec la population - pour dessiner Les Matelles de demain et déterminer les nouvelles zones à construire (ou pas) et le type d’habitat qu’ensemble nous souhaitons.
Christian Cayssiols
(*) Lien vers le chapitre concerné du PAC de la préfecture