Madame le Maire ?
En France, 84% des maires sont encore des hommes, alors que la parité est imposée aux listes (*) qui se présentent. Pourquoi si peu de femmes ?
"Je ne suis pas angélique, cela découle d’une culture de l’entre-soi, d’une espèce de volonté de confiscation des lieux où il y a du pouvoir par les hommes. C’est là où il y a le plus de travail à faire, car c’est là qu’il y a l’influence et les ressources, les indemnités", estime Geneviève Tapié, la présidente de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie, qui vient de sortir un rapport "Etre femme maire, les voies de réussite". |
Cette étude rappelle que seulement 15,5% des maires sont des femmes en Occitanie et 14,3% dans l’Hérault.
Par ailleurs, plus les responsabilités augmentent, moins les femmes sont au rendez-vous : elles sont encore moins nombreuses (8%) à être présidente d’une intercommunalité.
Le poids des traditions Pourquoi y a-t-il si peu de femmes maires ? Les barrières sont d’abord dans les mentalités, ce qu’on pourrait appeler « le poids des traditions » : une femme doit encore davantage faire ses preuves et montrer qu’elle est capable. Ensuite, l’autre obstacle vient de la sphère privée. Il y a la dure réalité des triples journées (professionnelle, familiale et politique). Une étude de l'Insee pointe les inégalités entre les sexes en matière de tâches domestiques et familiales : en 2010, les femmes effectuaient la majorité des tâches ménagères (71 %) et parentales (65 %). |
Cette situation a poussé la secrétaire d’Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a lancer cet été un appel dans Le Parisien : "Mesdames, devenez maire ! Présentez-vous !" |
Pour percer ce « plafond de verre », il faut donc une sacrée détermination.
Une femme maire aux Matelles ?
« En forçant le trait, on peut conclure qu’au rythme de progression actuel, 90 ans seront encore nécessaires pour arriver au partage du pouvoir dans les 35 500 communes françaises... donc en 2109... dans près de cinq générations ! », alerte Geneviève Tapié de l'Observatoire de la parité.
Aux Matelles, en choisissant une femme comme tête de liste(2), le Collectif souhaite changer la manière de faire de la politique, avec plus de partage, de concertation et d'écoute. Tout simplement parce que les femmes ne sont pas des hommes politiques comme les autres...
Gwenaëlle Guerlavais
(1) obligatoire dans les communes de plus de 3 500 habitants depuis la première loi sur la parité en 2000. Elle s’applique également, depuis 2013, aux communes de plus de 1000 habitants. Les listes paritaires (parfois appelées listes « chabada ») alternent un homme, une femme.
(2) Deux femmes ont été maires : Paulette Martin de 1989 à 1995, puis Anne Etourneau de 1995 à 2001.