Cantine scolaire : changeons de traiteur !

Depuis dix ans, les équipes municipales renouvellent automatiquement le traiteur de la cantine en fin d'année scolaire. Le Collectif demande l'ouverture d'une mise en concurrence et l'élaboration d'un véritable cahier des charges pour garantir aux petit.es Matellois.es une nourriture de qualité, de proximité et sans plastique.

Dans un courrier remis le 18 mai 2020, les élus du Collectif ont demandé au maire sa décision concernant le renouvellement, par tacite reconduction, du contrat de Sud Est Traiteur. 

D’après nos informations, ce contrat est automatiquement renouvelé, sans mise en concurrence, depuis plus de dix ans chaque année.

Si un changement doit être opéré pour la rentrée de septembre, une lettre recommandée doit être envoyée trois mois avant (article 11 du contrat), soit début juin. 

Le contrat sera-t-il une nouvelle fois reconduit dans le plus grand silence ? ou une procédure de mise en concurrence avec l’élaboration d’un cahier des charges favorisant une alimentation durable pour nos enfants sera-t-telle mise en place ? 

A ce jour, le maire n’a pas répondu à notre demande d’informations.

Par ailleurs, les élus du Collectif n’ont pas eu accès au CCAP (Cahier des Clauses Administratives Particulières) qui fixe toutes les clauses du contrat dans le détail, alors qu’il s’agit d’un document public. Quant au contrat, seul l’avenant de 2018 (et non le contrat initial) leur a été remis. 

Pourquoi changer de traiteur ? 

Tout d’abord nous nous interrogeons sur le bien-fondé d’une telle procédure sur un marché, dont le montant doit certainement excéder les 100 000€ HT (200 enfants en moyenne X 2,975 € le ticket en 2018 X 195 jours scolarisés). 

Une mise en concurrence ne pourrait, dans tous les cas, qu’être salutaire, ne serait-ce que pour "challenger" le prestataire actuel. 

Enfin, nos habitudes alimentaires, et nos connaissances sur le sujet, ont fortement changé en dix ans. La crise sanitaire du Covid-19 a encore accentué la demande croissante d’une nourriture de qualité et de proximité. 

Pourquoi pas pour nos enfants ? Notre collectif souhaite revenir à une alimentation non industrielle, de qualité et plus locale pour leur bien-être. 

Contrairement à ce que son nom indique, ce traiteur n'est pas du Sud... Si la cuisine est bien localisée au Crès, Sud Est Traiteur appartient au britannique Compass Group, un des poids lourds de la restauration collective (210 millions de repas servis par an dans 2 400 établissements). 

Depuis plusieurs années, la question de la restauration scolaire est au menu de tous les conseils d'école, que ce soit en maternelle ou en élémentaire. Les représentants de parents d'élèves y remontent très régulièrement l'insatisfaction de parents et d'enfants. 

C’est pourquoi le Collectif des Matelles demande l’arrêt du renouvellement automatique du contrat avec Sud Est Traiteur, sans concertation avec les élus, le personnel de la cantine et les parents d’élèves. 

Des promesses aux actes 

Une bonne alimentation pour les enfants est primordiale, il s'agit d'un enjeu de santé publique. Le Code de l'éducation prévoit d'ailleurs qu'une information et une éducation à l'alimentation et au gaspillage soient dispensées dans les écoles. 

Le Collectif des Matelles soutient également les propositions de Cantine sans plastique et demande le retrait des barquettes en plastique réchauffées qui posent un problème tant écologique (elles ne sont pas recyclables) que sanitaire (présence de perturbateurs endocriniens dans l'alimentation).

Il y a trois ans, au conseil d’école du 17 octobre 2017, le maire s’était engagé à des changements. Dans le compte-rendu, on peut lire ceci : 

« Pour la rentrée 2018, un cahier des charges précis sera rédigé, avec appel d’offre pour un nouveau fournisseur. Les parents demandent de favoriser un fournisseur utilisant des circuits courts et souhaitent faire partie d’une commission cantine pour le choix éventuel d’un nouveau traiteur. » 

Il n’en a rien été. En 2018, le contrat avec Sud Est Traiteur a été renouvelé, par tacite reconduction. 

Deux ans plus tard, au conseil municipal du 2 octobre 2019, le maire annonçait avoir pris contact avec l’association Le Passe Muraille qui porte le projet « De la Terre à l’Assiette » (pour une restauration collective bio et locale). 

Leurs échanges proposeraient d’intégrer notre commune… dès la rentrée de septembre 2020, sans préciser la procédure de mise en concurrence ni le tarif du ticket de cantine. « L’impact financier devra être mesuré », se contentait alors de dire le maire. 

Un travail en concertation 

Le temps court désormais pour mener un travail de concertation de qualité ! 

Si un nouveau cahier des charges doit être élaboré, le Collectif demande qu’il le soit en collaboration avec les associations scolaires, les parents intéressés par la thématique de l'alimentation de leur enfant et le personnel de la cantine.

Ce cahier des charges devrait, selon nous, intègrer les critères suivants :

• utiliser davantage de produits frais, 
• s'approvisionner le plus possible via les circuits de proximité,  
• baisser la part des protéines animales et introduire des légumineuses,
• limiter l'usage de produits transformés ou ultra-transformés,
• ne pas utiliser de produits lyophilisés, d'exhausteurs de goût et d'additifs nocifs,  
• livrer en bac gastro inox, 
• et prévoir une formation du personnel de la cantine (équilibre alimentaire, présentation des plats, découpe des fruits ou du fromage, etc.).

En attendant, le Collectif vous recommande chaudement la lecture de "Le livre noir des cantines scolaires" par la journaliste Sandra Franfrenet qui vous plonge dans l'arrière-cuisine des cantines.